Oui, douze zozos, comme nous les appelons quand nous parlons d'eux. Nous en sommes tout chose! Quelle aventure quand nous y pensons...
Douze porcs en deux lots de sept et de cinq. Dans le premier lot, on y trouve quatre demoiselles qui pèsent, disons, 40 kilos et deviendront nos "mères"et atteindront bien 200 kilos à l'âge adulte, voire 300... Et dans le deuxième lot, un garçon, un vrai, un pas castré (le chanceux) qui aujourd'hui vient juste de quitter sa mère et se demande encore s'il a le droit de sortir de son petit nid de paille. Bien sûr, pour des raisons de génétique basique, les quatre futures mères et le mec ne viennent pas du même élevage. Il a un mois de moins que les filles ce qui est par-fait car ainsi, ils seront fin prêts pour découvrir ensemble la vie sexuelle en même temps, soit dans... sept mois. Et pour que notre petit gars ne se sente pas trop seul, nous l'avons acheté avec quatre soeurs qui, ma foi, deviendront notre première "production", et leur destin est donc moins drôle, ou plutôt, leur destin est quelque peu é-cour-té! Dans neuf mois, nous pourrons les transformer en saucissons, coppa, pâtés de campagne, de tête, en rillettes, pieds farcis, et autres merveilleuses compositions. Mais nous n'en sommes pas là.
Qu'ils font plaisir, quand les éleveurs, las de leur travail de restauration de la ferme, viennent se ressourcer vers ces animaux et les observer un peu, et que le troupeau, nous voyant arriver, quittent tout ce qu'ils font - leur vie de cochon - et accourent vers nous, en galopant et en grognant pour se frotter et se gratter le dos contre nos mollets. Mmmmh. Et mordiller nos chaussures, passion d'un instant. Il y a celle que nous nommons Mona, la plus affectueuse: elle est surprenante car elle se sent obligée de manger le brin d'herbe qui est justement sous notre pied, alors qu'il y a des millions de brins d'herbes tout à fait appropriés et qui pourraient tout aussi bien faire l'affaire.
Et alors, la bonne nouvelle, c'est que nous aimons nous en occuper! ça tombe bien me direz-vous, vu que c'est bien l'activité vers laquelle nous avons volontairement volé, quittant nos confortables sièges de bureau ergonomiques. Et même que cette activité qui pourrait en répugner plus d'un - nous pensons bien entendu au fumier, l'or du paysan - peut s'effectuer dans de bonnes conditions olfactives: les huiles essentielles de thyms et de lavandes embaumaient les lieux - grâce aux soins de peau que nous leur avons prodigués, ils avaient quelques petites croutes les pauvres, et pour renforcer leur système immunitaire, nous ajoutons un verre d'hydrolat de Sarriette des montagne dans leur auge.
Cochons de luxe va!
Alors fourche à la main, nous vous saluons, sourire aux lèvres!