Petite note de marché et leçon du jour: c'est toujours amusant de découvrir le monde à notre grand âge. Voici la dernière révélation.
L'autre jour, nous avons transformé deux beaux cochons qui nous étaient très sympathiques. Bon caractère, agréable comportement, plutôt joviaux, et finalement magnifiquement conformés. Cela veut dire qu'ils avaient un beau physique en d'autres termes. Jolis jambons, rôtis splendides, pieds dignes des grandes assiettes etc... Nous avons donc joué du couteau, en pensant que ces deux cochons nous avaient fait un beau cadeau. Je pouvais vraiment être très fière, non seulement de notre travail, mais aussi du résultat de ce dernier.
Une fois au marché, les clientes et clients m'achetaient ces belles pièces de viande, et au début, je leur disais: "bon choix, et en plus, ce cochon était vraiment sympa...". Erreur erreur! fallait pas! je voyais à leur expression qu'il n'était pas de bon ton de dire cela. On ne veut pas manger un animal sympa. C'est pas bien. Moi je pensais qu'en disant cela je rendais hommage au cochon. Je lui rendais son âme. C'était une manière de rappeler son bon souvenir. Mais non. Quand on achète un rôti, on ne veut pas trop savoir qu'il y avait un cochon sympa, sinon le rôti devient amer!
A bon entendeur: je dis aujourd'hui "bon choix!" et je finis la phrase dans ma tête. Dans mon coeur, je suis heureuse de penser que ces cochons ont été élevés dignement. Ils ont échappé à la production industrielle anonyme dans laquelle le porc n'est même pas un numéro. Il ne sera jamais vu par un humain, ni considéré comme un être vivant à respecter.